L'IA c'est l'avenir
L'IA a toujours été l'avenir du monde numérique, et cela depuis l'âge de l'informatique moderne. Elle a connu plusieurs « hivers » par manque de moyens financiers ou par manque de technologie suffisante. Ce n'est finalement qu'au début des années 2000 qu'un point de bascule décisif a été franchi vers un apprentissage machine efficace avec la rencontre entre les technologies et les capacités d'exploration de données.
Dire que l'IA représente un avenir technologique, c'est tenir l'IA comme un avatar du sacro-saint progrès. Une vision positiviste qui implique que tout avancement en sciences et en technologies implique une amélioration des conditions d'existence humaine. On ressort les vieilles croyances même s'il est facile de les contredire. Par exemple, l'invention de la machine à vapeur n'a représenté un progrès que dans la mesure où elle a permit, dans certains cas seulement, d'augmenter la productivité, mais il est assez douteux de maintenir qu'elle a représenté une amélioration des conditions de vie pour les ouvriers de l'industrie du 19^e^ siècle, souvent anciens ruraux expulsés de leurs terres pour travailler dans des usines, mal logés, prisonniers du temps de travail, et soumis aux bon vouloir d'une bourgeoisie montante. Quand l'innovation (ou la machine) n'est maîtrisée que par ses propriétaires, les inégalités croissent immanquablement.
Ce n'est pas qu'une question de point de vue historique : l'ubérisation de l'économie de service crée des milliers de travailleurs précaires au profit de la plateformisation numérique tant vantée comme l'avenir meilleur de la « start-up nation ».
L'inéluctabilité de l'IA est avérée : le monde numérique n'a cessé d'oeuvrer dans ce sens. En revanche, que les services liés à l'IA modifient tout aussi inéluctablement l'économie pose fatalement la question de savoir dans quels domaines c'est souhaitable et dans quels domaine ce n'est pas souhaitable. Qui peut en décider ? telle est la seule question qui vaille pour l'avenir d'une société avec IA. C'est là qu'apparaissent les enjeux des Big AI et parmi eux des GAFAM, qui se livrent aux pires lobbying pour influencer les décisions publiques de régulation de leurs activités (cf. ce rapport de Corporate Europe Observatory, « Byte by byte. How Big Tech undermined the AI Act »). Les laisser décider à notre place de la manière dont l'IA est censée investir les secteurs de l'économie, c'est aussi leur laisser la main sur les systèmes d'information et de décision, qu'il s'agisse des institutions publiques ou des entreprises. Cela revient à l'avenir à ne plus jamais pouvoir décider de quoi que ce soit.